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Née en Normandie, vit et travaille dans le 93.

Membre du collectif W. Artiste intervenante à La Galerie — Centre d’art de Noisy-Le-Sec 2022/2023.

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EXPOSITIONS PERSONNELLES
2021 — 2022
TIME IS ON MY SIDE, Centre d’art contemporain, Juvisy-sur-Orge.
2020 — 2021
Strange Window, Stranger eyes, LUXFER Art Center CZ - Curr. Kateřina Štroblová & Roman Rejhold
2018
ASILE, Chapelle Saint-Julien, Petit-Quevilly
2014
Cailloux, bassins et autres restes, Galerie du Crous, Paris
2013
Les Endormis, II, A. R. [T], Paris
2012
Les endormis, ENSAD, Paris

EXPOSITIONS COLLECTIVES
2022
Biennale d’art contemporain de Champigny-sur-Marne
2021
Arthothèque W dans le cadre des PODADA, Gennevilliers
Apolemia, exposition collective pour les 10 11 ans de W à Pantin
Restitution de résidence à la supérette - maison des arts de Malakoff
2020
Réserver, la supérette - maison des arts de Malakoff
Face à Face à La Source Villarceaux
2019
1-4-9 augmentée à l’ESAC, Cambrai
Le Futur leur tombe dessus1 MOTEUR CAILLOUX (avec Demi Tour de France), Pantin
Un Jardin des Plantes, BILBS, Rouen
2018
Sous la peau, le revers des structures, (Cur. Hélène Soumaré) - Atelier W, Pantin
2017
Exposition des sélectionnés du prix Novembre à Vitry
Fragments, exposition des sélectionnés du prix Panthéon-Sorbonne pour l’Art Contemporain, Paris
2016
RELÈVE, (Cur. Marty de Montereau), Crédit Municipal, Paris
Vestiges sans passé, (Cur. Sayaka Shibao), Galerie Grand E’terna, Paris
X-Rivista, X = Exploration, L’amour, Bagnolet (Cur. Giammarco Cugusi, Stefano La Rosa, Olmo Missaglia.)
La trahison des objets, (Cur. HOMEWORK) Galerie Sisso, Paris
2015
Marty ! Collectionnite aigüe, (Cur. Marty de Montereau, Vincent Sator) Galerie Sator, Paris
Chasseurs sachant chasser I, (Cur. Claude d’Anthenaise) Musée de la Chasse et de la Nature, Paris
Chasseurs sachant chasser II, (Cur. Claude d’Anathenaise) Château de Kerjean, Finistère
ART IS HOPE, PIASA, Paris
2014
BATAILLE SOURDE, Cité internationale des arts, Paris



Extrait du texte d’Emmanuelle Lequeux, 2021
pour le catalogue d’exposition TIME IS ON MY SIDE


L’artiste s’est lancée depuis la fin 2019 dans une série de toiles constituée quasi exclusivement de scènes de baignades. Plongée en piscine, balade sur plage normande, paysage de cascade, autant d’échos « à la symbolique des corps immergés » qu’elle a étudiée à travers différentes cosmogonies. « Partout dans le monde, l’élément aquatique est très central dans la préparation du corps, jusqu’aux toutes dernières technologies qui permettent de dissoudre le cadavre dans l’eau », remarque-t-elle. Ces toiles qui pourraient n’être qu’anodines scènes de genre ont ceci de singulier : elles sont « négatives ». Négatives, comme les mains que Marguerite Duras évoque dans l’un de ses courts métrages, cherchant l’écho des pochoirs de l’époque magdalénienne au fil de la Seine. Duras, en quête alors de cette « tiède douceur de l’image menacée ». Les toiles de Laure Wauters ne sauraient trouver plus juste définition.

Ce sont des images entre deux eaux, deux états. Réalisées d’après photo, sur une couche a tempera, elles obéissent à un processus simple : l’inversion des couleurs. D’abord schématisée sur informatique, à partir d’une roue chromatique, ces équivalences sont ensuite restituées sur toile. Il suffit ensuite de les contempler à travers un de ces filtres d’inversion des couleurs dont disposent les téléphones, et comme par magie, l’image d’origine réapparait. « L‘intérêt de l’image source est tout relatif, souligne-t-elle néanmoins. J’essaie de l’amener ailleurs. Que le regardeur devienne actif ». Que l’eau redevienne ce lieu de passage, de transition, de baptême à soi. Immergés, submergés, nageant mais déjà noyés, les corps dans leur ellipse, éclipse, anamorphose, prennent un tour inquiétant. Tu es poussière, et tu redeviendras mer.

Mais le passage du regard humain au regard numérique n’est pas obligé ; on recommande en tout cas de ne pas s’y livrer dès le premier instant, pour s’attarder sur ces clichés qui ont traversé le miroir. Les peaux blanches ont pris des nuances turquoise, les marines deviennent lumière éclatante, les vagues virent au rouge.

Tous les feux, encore une fois : Laure Wauters garde le souvenir ému de sa découverte de la Villa des Mystères, chef-d’oeuvre de Pompéi, et notamment de ses fresques au rouge si caractéristique : « Les archéologues sont parvenus à démontrer que ces décors muraux étaient en fait jaunes, avant de cuire sous l’impact de la cendre brûlante et de virer au rouge », rappelle-t-elle. Rouge, donc, la couleur de ses eaux, à la fois lave et sang, quand l’écume se fait charbon, les bruns tournent blonds, les vivants fantômes. « La difficulté est de trouver un équilibre entre négatif et positif pour que cela ne pique pas trop, explique l’artiste. Mais il ne s’agit pas non plus de chercher de nouvelles harmonies : l’effet surprise reste important. J’aime beaucoup l’idée d’image cachée. En outre, la symbolique de l’eau comme bain rituel, passage entre deux mondes, fait sens avec ces peintures « à révéler ». Et si elles parlent de fin du monde, cela me plait de déplacer la scène de l’habituel décor urbain post-apocalyptique vers celui de lieux de villégiature ». De villa des mystères.laure·wauters — laurwauters@gmail.com 2022 29

moins. J’essaie de l’amener ailleurs. Que le regardeur devienne actif ». Que l’eau redevienne ce lieu de passage, de transition, de baptême à soi. Immergés, submergés, nageant mais déjà noyés, les corps dans leur ellipse, éclipse, anamorphose, prennent un tour inquiétant. Tu es poussière, et tu redeviendras mer.

Mais le passage du regard humain au regard numérique n’est pas obligé ; on recommande en tout cas de ne pas s’y livrer dès le premier instant, pour s’attarder sur ces clichés qui ont traversé le miroir. Les peaux blanches ont pris des nuances turquoise, les marines deviennent lumière éclatante, les vagues virent au rouge.

Tous les feux, encore une fois : Laure Wauters garde le souvenir ému de sa découverte de la Villa des Mystères, chef-d’oeuvre de Pompéi, et notamment de ses fresques au rouge si caractéristique : « Les archéologues sont parvenus à démontrer que ces décors muraux étaient en fait jaunes, avant de cuire sous l’impact de la cendre brûlante et de virer au rouge », rappelle-t-elle. Rouge, donc, la couleur de ses eaux, à la fois lave et sang, quand l’écume se fait charbon, les bruns tournent blonds, les vivants fantômes. « La difficulté est de trouver un équilibre entre négatif et positif pour que cela ne pique pas trop, explique l’artiste. Mais il ne s’agit pas non plus de chercher de nouvelles harmonies : l’effet surprise reste important. J’aime beaucoup l’idée d’image cachée. En outre, la symbolique de l’eau comme bain rituel, passage entre deux mondes, fait sens avec ces peintures « à révéler ». Et si elles parlent de fin du monde, cela me plait de déplacer la scène de l’habituel décor urbain post-apocalyptique vers celui de lieux de villégiature ». De villa des mystères.



Extraits du texte de Lejla Christophersen, 2020,
pour l’exposition 𓁹 𓁹  STRANGE WINDOWS, STRANGER EYES, CZ


Laure Wauters collecte, trie et organise les images qui correspondent à ses souvenirs et ses sensations, dans des classeurs vertigineux qui donnent l’impression d’assister à une excavation dans un futur lointain. On y trouve ses expériences personnelles et les images qu’elle pense y correspondre : des photographies de notre temps et des trouvailles mnémosines qui se sont faites dans son esprit. À côté de la photo d’un biscuit prise dans un café de Prague, une petite Vénus préhistorique dont la forme est identique.

Elle partage son sens de la correspondance en créant un espace de représentation unique : la scène. En définissant les contours de son expérience (le smartphone, le cadre de fenêtre, le parc d’attraction ou encore le thaumatrope), l’artiste fait scène. Elle nous invite à regarder avec elle non plus une image, mais un événement. Et c’est autant un geste de générosité qu’une tentative de salut personnel que nous expérimentons avec son travail. Dans la même ambition émouvante et vaine que les premiers dessinateurs de mappa mundi, Laure Wauters essaie de réduire le monde pour le comprendre, en nous rappelant que le trivial et le grandiose ne cessent de cohabiter.

En résidence en République-tchèque, elle erre dans une ville qui n’est pas la sienne et où personne ne parle anglais. Les émotions prennent le relais du langage, et la solitude de l’artiste lui apparaît comme une injonction à créer autant qu’un vide inquiétant. Dans les rues de la ville de Ceskà Skalice, elle regarde les fenêtres typiques de certains pays froids : pour mieux isoler l’intérieur, on sépare deux vitres par un interstice assez large pour contenir quelques objets. Cet espace est curieux : ce qu’on y aperçoit de l’extérieur (une photographie, un dessin d’enfant, des plantes en plastiques et des bibelots) peut devenir un lieu de mise en scène délibérée comme un espace poussiéreux où l’on a oublié un objet très intime. C’est ce qu’on présente au monde, volontairement ou non, de nous. Laure Wauters en a fait une série de peintures aussi simples qu’émouvantes. Elle s’est faite la portraitiste de cette sociologie accidentelle, et l’archiviste de la maison qu’on a occupée, un jour. Rien n’est spectaculaire et pourtant ces objets inanimés sont vivants, témoins de la rue comme de l’espace domestique. Parfois, ces objets restent dans l’interstice après la mort d’un habitant. On aura tout vidé et oublié ce qu’il avait prévu de rendre montrable. À côté d’elles, une conversation en vidéo avec une amie bien vivante, enfermée dans le cadre d’un écran d’ordinateur.

[···]

Partout dans son oeuvre, Laure fait cohabiter un horizon eschatologique et la pure beauté du présent. Elle nous emmène dans une longue course de collecte d’objets et de moments, comme si elle s’apprêtait à quitter une maison en feu. Il y a les jouets (THAUMATROPES et kapla), les photos des gens qu’on aime, les souvenirs d’un voyage, d’une journée dans une base de loisirs (L’AVENTURE).

L’artiste inquiète opère : elle transforme le présent en souvenir avant qu’il lui échappe, essaie à tout prix d’anéantir le regret en allant plus vite que le temps qui lui est donné. Laure Wauters nous embarque dans une mission universelle - questionner l’idée d’instant sans le pétrifier, mais en essayant à tout prix d’en saisir la poésie.